Silence

Le silence s'installe. Sans un mot, sans un bruit il est là, présent, fait parti de toi. Certes il est arrivé avec brutalité, avec la force d'un tsunami. Le temps ne s'arrête pas parce que tu as reçu ta lettre de licenciement...oui, ce fatidique moment auquel je pensais m'avoir plus ou moins préparé, mais on est jamais prêt.

Les jours suivants tu lis et relis les phrases qui continuent à te hanter : "insuffisance professionnelle"; 2 mots pour te faire douter de toi même, perdre la confiance et surtout voir sans pouvoir réagir que ta passion s'éteint comme toi même.

Les larmes tombent au fur et à mesure que les jours passent, parce que tu ne peux éviter dans ce silence, les flashbacks: oui tous ces visages de ces personnes qui au fil du temps j'ai appris à connaître, à rencontrer et que maintenant, d'un coup brutal le silence efface et rend muets. Ces personnes qui donnaient tout le sens à mon travail, est-ce un crime de les avoir permis entrer dans mon coeur?

Je continue à voir dans ma tête ces lignes de cette lettre qui a jamais laissera une marque en moi; une blessure qui a fait que des murs s'érigent et même si ces murs sont pour me protéger et ne pas souffrir plus, je sais clairement que tout mur est aussi un danger car de la même façon qu'il te protège de la souffrance, il te protège aussi de ceux qui voudraient te faire du bien. Mais tu te sens tellement à nu, fragile, fatiguée; pendant des jours j'ai essayé de lutter contre les effets de honte, d'échec que le message de cette lettre apportait.

J'ai toujours eu un sens de la justice qui m'a poussé à faire tout ce que j'ai accompli dans la vie, mais quand l'injustice touche au plus profond de tes croyances et que tu vois que le silence "étouffe l'affaire", quand tu vois que les personnes conciliantes ne sont pas considérées...que reste-t-il à faire? comment faire bouger un système? peut-être cela est impossible mais au moins comment interpeller ce système?

Lutter contre la rancune que le sens d'injustice érige dans ton coeur; lutter contre ce désir d'aller crier la vérité au moins sur ta personne car a-t-on le droit même si on voulait me virer de mettre par terre tout ce qu'avec les bénévoles du terrain nous avions mis en place? est-ce qu'on a le droit parce qu'on a un titre, une position d'écraser par tous les moyens possibles une personne?

Oui je crois en Dieu et je sais que je ne dois pas haïr mais quelques fois c'est difficile de pardonner.